Recit de vie et choc des cultures Il a fallu que je sois deja au beau milieu du Japon pour m'entendre dire qu'il faudra patienter six mois pour une place a l'ecole maternelle pour Fina et ne pas esperer de place en creche publique pour bebe, tant que je ne serai pas employee ou etudiante a raison de quatre jours par semaine et quatre heures par jour minimum. Exclu le travail de distributrice independante de produits X. Un vrai travail s'entend. Une utopie pour une gaijin (etrangere) ne parlant pas japonais. Je n'ai pas de travail, je n'ai pas d'excuses. Je dois me coltiner les deux fillettes 24h/24, sans bonne sans personne. J'ai du m'y faire, de mauvais gre. J'ai maugree matin et soir. Je me suis plainte a lui tous les jours. Je lui ai serine que trimballer les enfants partout, par tous les temps, sauf les rares fois ou je les ai laisses a la couteuse nursery privee que mon amie japonaise m'avait denichee, m'enervait. J'ai perdu mes rondes joues a ce rythme, jamais endure auparavant. Je me suis sentie fatiguee a l'extreme. Depitee par ce pays de femmes instruites mais emmurees dans la maternite. Le ton du recit est intimiste et l'ecriture fluide, des tranches de vie contemporaine narrees avec une empreinte feministe, de l'humour, de l'autoderision.Un tableau des maux de femmes, comparant leurs contraintes culturelles en Afrique et au Japon.EXTRAITLa fin de ma vie de bourgeoise. Je ne me savais meme pas bourgeoise. Je trouvais normal d'avoir une bonne qui travaille a plein temps pour mon bien-etre a la maison. Cuisiner moi-meme mes repas etait l'exception reservee au dimanche. Mon ressenti n'etait jamais bon, ces jours sans bonne. Il y avait une certaine petitesse, une asthenie presque, dans cette absence d'une autre personne avec qui interagir. Ici a Osaka, au Japon, ce malaise se deploie royalement, l'indifferenciation des lundis et des samedis etant devenue la regle. Depuis que le tandem benefique forme par ma bonne et moi n'est plus, je suis devenue la bonne. Je n'ai plus personne a complimenter et a remercier pour les bons repas. Tous les jours, je cuisine, en tatonnant, je me felicite rarement du resultat. Je cree un bazar formidable avant et apres chaque repas et mon humeur en patit.A PROPOS DE L'AUTEURNina Wade est nee a Nouadhibou en Mauritanie, elle vit a Dakar ou elle travaille dans le secteur de la gestion de patrimoine. La decouverte de soi et d'autrui est le moteur de son ecriture, l'optimisme sa boussole.