Une epistemologie des methodes scientifiquesFace a la diversite et a la complexification des modes de formalisation, une epistemologie des methodes scientifiques doit confronter directement ses analyses a une pluralite d'etudes de cas comparatives. C'est l'objectif de cet ouvrage.Aussi, dans une premiere partie, propose-t-il d'abord une classification large et raisonnee des differentes fonctions de connaissance des theories, des modeles et des simulations (de fait, cette partie constitue un panorama d'epistemologie generale particulierement pousse). C'est ensuite a la lumiere de cette classification que les deux parties centrales analysent et distinguent les assises conceptuelles et epistemologiques des principaux types de formalisation en geographie avant et apres l'ordinateur (theories des localisations, modeles gravitaires, loi rang-taille). En employant toujours la meme methode analytique et comparative, la derniere partie se concentre sur l'explication epistemologique des trois revolutions computationnelles recentes l'analyse des donnees, la presentation des donnees et enfin l'analyse par simulation computationnelle.Au travers de cette enquete approfondie, la geographie apparait non seulement comme une discipline carrefour, ayant pour cela donne des exemples de presque tous les types de modeles scientifiques, mais aussi comme une science innovante en termes epistemologiques. Car ce qui a d'abord ete pour elle un frein a la formalisation - sa sensibilite au caractere multifactoriel comme a la dimension irreductiblement spatiale des phenomenes sociaux - et qui l'obligea longtemps a infeoder ses theories et modeles a des disciplines plus aisement formalisables comme la geomorphologie, l'economie, la sociologie, la demographie, ou bien encore la thermodynamique et la theorie des systemes, devient aujourd'hui un atout des lors que, parmi les sciences humaines et sociales, elle peut developper une epistemologie non seulement pluraliste mais aussi combinatoire et integrative.Decouvrez cette analyse approfondie d'une discipline specifique : la geographieEXTRAITBerry et Garrison pensent dans un premier temps que le modele theorique probabiliste, meme considere comme le meilleur du point de vue du canon neopositiviste, est insatisfaisant car il n'est pas reellement explicatif. L'essentiel lui echappe. On voit que, dans ce premier passage, Berry et Garrison l'interpretent comme une representation negative - par defaut - de l'etat de nos connaissances sur les liens causaux qui nous importent : nous ne representerions pas une cause mais une agregation non controlee de causes, causes en nombre possiblement infini et dont la constante presence ni la constance de la nature ne nous sont nullement assurees.A PROPOS DE L'AUTEURFranck Varenne est maitre de conferences en philosophie des sciences a l'Universite de Rouen et chercheur au Gemass (UMR 8598 - CNRS/Paris Sorbonne). Ses recherches portent sur l'epistemologie des modeles et des simulations. Il a notamment publie Du modele a la simulation informatique (Vrin, 2007), Qu'est-ce que l'informatique ? (Vrin, 2009), Formaliser le vivant : lois, theories, modeles ? (Hermann, 2010) et Modeliser le social (Dunod, 2011). Il a egalement publie dans de nombreuses revues, dont Simulation, Journal of Artificial Societies and Social Simulation, Natures Sciences Societes et la Revue d'Histoire des Sciences. Il codirige les collectifs Modeliser & simuler. Epistemologies et pratiques de la modelisation et de la simulation, tome 1 (en 2013) et tome 2 (en 2014) aux Editions Materiologiques.